Par Léa Drouelle
Illustration : Héloïse Niord-Méry

Si on vous dit contraception, vous répondez… pilule ? Stérilet ? Implant ? Quelle que soit la méthode, une chose est sûre : quand on prononce ce mot, les regards se tournent presque toujours en direction des personnes dotées d’un utérus et d’œstrogènes. Pourtant, depuis quelques années maintenant, les mecs cis hétéro sont de plus en plus sommés de s’impliquer dans la gestion de la contraception de leur partenaire. Il était temps n’est-ce pas ? Ils peuvent même franchir un cap supplémentaire : celui de prendre la charge contraceptive, au sens corporel et physiologique du terme. Eh oui, la contraception masculine existe… et on ne parle pas uniquement du bon vieux préservatif ! Pilule pour homme, vasectomie, dispositifs chauffants, injections hormonales… Plusieurs méthodes contraceptives (certaines sont confirmées, d’autres restent à l’essai) ont été pensées pour les détenteurs des chromosomes XY. Mais pas toujours facile de s’y retrouver. Ces prochaines lignes vous proposent donc un tour d’horizon des différentes techniques existantes. Elles s’adressent à celles et ceux désireux·euses d’en savoir plus. Ainsi qu’à ceux qui songent sérieusement à s’y mettre (on croise les doigts) ! Allez, on prend un verre d’eau, on libère son diaphragme et on respire à fond.
 La vasectomie 
✂️⏳ Ça existe depuis quand ?
On commence par la plus ancienne et la plus “radicale”. Attention, ça va faire couic ! Autorisée depuis 2001 en France, la vasectomie n’est pas un gros mot, mais une intervention généralement peu douloureuse d’une durée de trente minutes environ qui ne nécessite pas d’anesthésie générale.

🤓 Ça marche comment ?
On bloque les canaux déférents qui servent à transporter les spermatozoïdes au niveau des testicules. Bien qu’elle soit possiblement réversible (comme avec la box internet, on rebranche tout simplement les fils), cette technique est en principe pratiquée dans une optique de contraception définitive. Contrairement aux a priori, elle n’a généralement pas d’effet sur la fonction érectile, la libido ou la capacité à éjaculer. C’est beau la science !💸 Ça coûte combien ?
Aux alentours de 60-70 euros. Elle est prise en charge par la Sécurité sociale à environ 70 % depuis 2012.
 La pilule 
💊⏳ Ça existe depuis quand ?
Techniquement, ça n’existe pas encore, dans la mesure où il est tout bonnement impossible d’en trouver dans les rayons de pharmacie (ou ailleurs). L’idée de concevoir une pilule n’est pourtant pas nouvelle. Les militantes féministes l’ont mise sur le tapis dès les années 1960-1970… soit à peu près à la même période où on a vu apparaître les premières pilules contraceptives pour femmes ! 

🤓 Ça marche comment ? 
La pilule pour homme repose sur le même principe que l’équivalent féminin : administrer des hormones pour bloquer la production reproductive. Dans les cas des hommes, des testostérones et/ou des progestérones. Plusieurs pilules masculines développées ces dernières années présentent des résultats encourageants.Des chercheur·euses américain·es planchent même actuellement sur une version non hormonale, testée chez la souris et fiable à 99 % selon les premiers résultats de l’essai clinique. Elle consiste à injecter de l’acide rétinoïque, un dérivé de la vitamine A qui joue un rôle clé dans l’action reproductive des spermatozoïdes. Un peu technique présenté ainsi, on vous l’accorde, mais avouez quand même que ça semble révolutionnaire !
💸 Ça coûte combien ?
Pas de prix puisque, comme on vous le disait plus haut, il n’existe toujours pas de produit homologué sur le marché. Voilà pourtant plus de trente ans que le sujet est sur la table. On aura mis moins de temps à trouver comment aller dans l’espace ! À l’heure de la 5G, pourquoi la pilule pour hommes tarde autant à émerger ? La peur des effets secondaires bien sûr, mais pas seulement. Comme le souligne la sociologue Alexandra Roux dans un article publié sur Slate, les raisons sont multifactorielles : techniques, médicales, économiques, culturelles…
 La chaleur 
🔥⏳ Ça existe depuis quand ?
Anneau, slip chauffant… On pourrait la croire récente. Mais le principe de contraception masculine thermique existe pourtant depuis les années 1980. 

🤓 Ça marche comment ? 
Le principe est simple : un spermatozoïde est heureux quand il fait moins de 35 degrés et qu’il peut siroter un cocktail à la cool. Deux degrés de plus et c’est la cata. Il est tout ramollo et préfère s’affaler devant la télé plutôt que de partir à la conquête d’un ovule. Le slip chauffant (porté 15h d’affilée) permet donc de faire monter la température dans le gland. Comme ça, plus aucun spermatozoïde ou presque n’aura la force de sortir de son canap.N’oublions pas non plus l’anneau chauffant en silicone. Inspiré de la méthode thermique développée par le Dr Mieusset, il aide à maintenir les testicules à l’entrée du canal inguinal (situé dans le muscle de l’abdomen), ce qui a pour effet de ralentir la spermatogenèse. En France, l’anneau Andro-switch a été commercialisé à partir de 2019, mais suspendu par l’Agence nationale de sécurité du médicament fin 2021 pour “des raisons de sécurité”. Dommage. 

💸 Ça coûte combien ?
Comptez une quarantaine d’euros pour un slip (tarif à l’unité), à votre entière charge puisque ce dispositif n’est pas pris par la Sécurité sociale. L’anneau Andro-switch, lui, était proposé au prix de 37 euros pour une durée optimale d’utilisation de quatre ans.
 Les injections hormonales 
💉⏳ Ça existe depuis quand ?
Si le gel spermicide ou les accessoires chauffants en sont à leurs balbutiements, il existe pourtant une contraception pensée pour les hommes depuis les années 1970 : les injections hormonales.

🤓 Ça marche comment ? 
Il s’agit d’une injection intramusculaire (aïe) d’un progestatif de synthèse appelé énanthate de testostérone. Administré une fois par semaine, le traitement est conçu pour agir au bout de trois mois. Bon, faut pas avoir la phobie des piquouzes quoi. 

💸 Ça coûte combien ?
Le principal traitement connu s’appelle l’Androtardyl. Administré sous ordonnance, il est remboursé par la Sécurité sociale dans certains cas, comme le déficit en testostérone ou l’altération des testicules. Attention, la prise en charge n’est pas assurée quand cela concerne l’usage contraceptif : comptez environ 40 euros par mois.
Publié par :sorocité

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